Comment apprivoiser la finitude : l’art d’intégrer la mort dans notre quotidien. 

La mort, cette compagne de vie

Sauve qui peut, j’ai un virus mortel ! Il est héréditaire, très contagieux, et extrêmement répandu. D’ailleurs vous l’avez vous aussi. Il s’appelle : la vie. (Ahaha très drôle, Clarisse).
J’ai rarement vu autant de personnes se plaindre d’une chose, tout en s’y cramponnant férocement. Comme si elles craignaient qu’il y ait bien pire. Mais quoi? La mort? Laissez moi rire. Il y a presque autant de théories sur la mort que sur le lactose – de quoi en devenir chèvre.  La mort serait un passage, une renaissance, un retour à la nature. Ou bien encore : la mort ne serait rien – pourquoi la craindre ? pourquoi même y penser?
 
Moi, j’y pense. À la mort des autres, mais aussi à la mienne. Je me prépare à mourir, chaque jour, quelques minutes – à dose homéopathique. Je ne veux pas être prise de court et m’effondrer le jour où elle débarquera vraiment, pour me tuer à petit feu ou m’abattre d’un coup. Depuis qu’elle a pris ma mère lorsque j’étais enfant, je ne peux plus faire comme si elle n’existait pas et la mettre sous le canapé. J’ai d’abord timidement pris contact avec elle, pour tenter d’aborder son mystère, puis elle est peu à peu devenue ma compagne de vie – parfois même de jeu, quand plus jeune, j’ai joué avec le feu.
 
Familiarisons-nous donc avec la mort, la nôtre et celle des autres. Mais concrètement, comment faire? Voici quelques idées :
 
– Poursuivre notre relation avec nos défunts : pensons à toutes celles et ceux que nous avons aimés, admirés, qui sont passés de l’autre côté. Sourions-leur, quand nous les croisons, au détour d’un récit, d’une photo, d’une pensée… Interrogeons-les quand nous sommes paumés. Continuons à rire avec eux, à les laisser nous guider, nous inspirer plus encore qu’ils ne le faisaient de leur vivant. Quant aux autres, celles et ceux qui nous ont quittés ombragés, fâchés, réconcilions-nous avec eux – aidons-les à trouver la paix et ne plus nous hanter. Ma « bande d’invisibles » (comme le dit Marie de Hennezel) avec lesquels j’aime converser est assez éclectique : elle  s’étend de ma mère à John Cassavetes, en passant par Ram Dass…
 
– Danser un slow torride avec la faucheuse : on vit avec, 24h sur 24, 7 jours sur 7, de notre premier souffle à notre dernier soupir. La mort est là, avec ses warnings en formes de rides et de métastases, avec ses scandales imprévus et ses faire-parts élégants. Elle se glisse dans nos histoires, sous nos draps, dans nos assiettes et dans nos rêves. Elle nous colle à la peau, la fait frissonner, se flétrir… C’est sympa, à vingt ans de se croire immortels, mais si nous embrassions pleinement la conscience qu’on peut claquer à tout instant, nous nous comporterions sans doute avec bien plus d’élégance et de soin, avec les autres et nous-mêmes. 
 
– Prendre soin du vivant et de l’avenir : réjouissons-nous que le monde continue d’exister quand on n’y sera plus, que les belles choses se poursuivent, et activons-nous pour que les fléaux cessent. Semons des graines de conscience, de bonté et d’intelligence. Préparons l’avenir, par delà les décombres qu’il nous promet. Chérissons le vivant en mettant au centre de nos vies, de l’éducation et du « système » l’intelligence du coeur et la liberté solidaire. 
– Commencer nos adieux : on pense souvent à la mort des autres, à leur absence et au manque terrible qu’il va générer. Mais quid de notre propre mort ? L’être fulgurant que j’aurai été manquera à mon âme éternelle, en route déjà vers de nouvelles aventures… Alors vivons chaque jour emplis de la joie d’être encore en notre propre compagnie, comme si nous allions bientôt quitter un ami cher, qu’on a vu grandir, lutter, s’épanouir… Adieu cher moi, tu m’as bien cassé les pieds, mais bon sang, ce que tu m’as fait grandir!
 
Enfin, je terminerai avec cette pensée pleine de bon sens, comme seuls les enfants, les fous et les vieillards savent en avoir. Petite, je me disais : si ma mère a pu mourir, si tant d’êtres humains (environ 100 milliards) ont été capables d’endurer la mort… alors pourquoi pas moi? Jusqu’à preuve du contraire, c’est à la portée de tout le monde cette affaire – ça ne doit donc pas être si terrible. 

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