« Tu sers à rien ». C’est ce que certains disent à d’autres pour les rabaisser, voire les anéantir. « Tu ne sers à rien » signifie littéralement : « Que tu sois là ou pas ne change rien : tu es insignifiant. » Et si être inutile, du moins aux yeux de la société, était la meilleure chose qui puisse nous arriver?

Nous sommes les hôtes de la vie

Alors que je me promenais avec mon amoureux dans l’immense parc sauvage de Joshua Tree, entre les cactus et les serpents à sonnette, une révélation m’a saisie : « En fait… je ne sers à rien. » Josh m’a regardée, perplexe, avant de sourire. « C’est vrai ! Je n’ai aucune utilité dans ce bas monde. Je ne suis responsable de personne d’autre que moi, n’occupe ni rôle ni fonction… Je fais juste ce qui est nécessaire pour vivre ma vie sans causer trop de dégâts. »

« C’est déjà énorme, a répondu Josh, j’en connais qui ne savent même pas faire ça. » Il avait raison, mais une vérité éclatait en moi, et je devais la formuler. « Je me suis autoproclamée écrivaine dès le CP, certains m’ont crue et m’ont publiée, d’autres m’ont lue, tant mieux. Je ne suis pas spécialement en proie au syndrome de l’imposteur, persuadée que nous créons notre réalité grâce à nos affirmations. Ma seule et unique mission, si tant est que j’en ai une, c’est simplement… »

J’ai dû me hisser en haut d’un rocher qui dominait une oasis pour m’exclamer  « … d’exister ! »  J’étais en nage – tant de lucidité en quelques foulées ! – mais me sentais plus vivante que jamais. Je répétais de plus en plus fort au loin dans l’horizon désertique : « Je suis inutile, inutile, inutiiiiiiile… » C’était à la fois terrifiant et exaltant – la définition même du sublime. Et profondément libérateur. Josh s’est approché de moi avec son beau sourire et a glissé dans mon cou : « That’s great news ! You’re a pure bonus. »

Dans la lumière dorée de la Californie, perchée sur ce gros caillou, j’ai été saisie par la conviction d’exister. Exister, je l’ai compris à cet instant, signifie : être l’hôte de la vie. Pas son esclave – encore moins son souffre douleur.

Nous ne sommes pas nés pour trimer, la tête dans le guidon, pour nous tuer à la tâche, que ce soit au travail ou à la maison. Nos âmes (c’est du moins ma croyance personnelle) ont fait le choix de s’incarner pour s’émerveiller, se connecter, et s’élever… Nous sommes des invités de passage, dont l’hôte n’est autre que l’existence, dans sa magnifique demeure qu’est le monde. Nous nous devons de les respecter et même de les honorer. Mais qui exige de ses invités qu’ils fassent le ménage, la vaisselle et les courses? On leur souhaite simplement de passer un bon moment, et s’ils insistent pour mettre la main à la pâte, ce sera… un pur bonus.

Il en va de même avec la vie. Nous sommes nés pour nous laisser traverser par elle, pour en sonder les mystères, embrasser sa complexité, déchiffrer ses paradoxes. Et pour nous rencontrer à travers cette expérience. Être humain, c’est être en quête, que l’on soit Van Gogh, Einstein ou… soi-même. 

Mais comment se libérer des attentes et des jugements sociaux? Comment embrasser son inutilité et trouver la beauté et la puissance dans le simple fait d’exister? Je te répondrais : la voie du coeur — mais c’est un peu vague, je l’admets. Il y a d’innombrables manières de rendre le monde meilleur et de s’épanouir sans être « utile ». Nous pouvons les découvrir ensemble…

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